animation à la découverte d’une liane survivante du temps des dinosaures - le 31 mars 2025

, par Florence Cornu

Ce lundi 31 mars, c’est sous le soleil que Marie Rose nous a parlé du lierre. Et sur le domaine il y en a beaucoup...
voici son commentaire :

"Deux plantes portent le nom de lierre en français : le lierre terrestre et le lierre « grimpant » : ils n’appartiennent pas à la même famille. Leur seul point commun est d’avoir des tiges rampantes au sol sans fleurs et des tiges ascendantes qui fleurissent, à quelques centimètres du sol pour le lierre terrestre, jusqu’à 40 m du sol pour le lierre grimpant ; ce dernier, l’objet de la visite .

C’est une des rares plantes rescapées de la fin de l’ère secondaire quand régnait un climat tropical (alternance saison sèche et chaude peu favorable à la croissance de la végétation, et saison humide pluvieuse qui apporte l’humidité nécessaire.
Le lierre s’est adapté au refroidissement du climat ; ses feuilles produisent du glucose pour lutter contre le gel et sont recouvertes d’une cire protectrice. Il résiste jusqu’à -24°.
C’est quasiment la seule plante ayant gardé le cycle de vie tropical avec une floraison en automne et une fructification en hiver.

Il commence sa vie sous forme rampante avec des rameaux de feuilles de 3 ou 5 lobes, formant des tapis au sol. Ces rameaux sont stériles. S’il ne trouve pas une surface verticale pour grimper, il restera à l’état rampant. En forêt dès qu’il rencontre un arbre, le lierre prend racine à son pied et grimpe sur le tronc sous forme de lianes plus ou moins épaisses et développe des crampons pour s’accrocher à l’écorce. L’arbre lui sert uniquement de support (il peut grimper sur un poteau ou un mur) ; ce sont ses racines terrestres qui le nourrissent. Après 10 ans, il peut se reproduire à condition d’avoir accès à la lumière qu’il trouve au-dessous du houppier de l’arbre ; il développe alors des rameaux fertiles avec des feuilles simples non lobées et sans crampons donc non fixés au tronc ; il n’a plus besoin de grimper. Ces rameaux produiront en automne des fleurs très riches en pollen et en nectar très sucré qui nourrira jusqu’à 200 espèces d’insectes. Tout l’hiver ce sont des baies riches en lipides et protides qui nourriront les oiseaux (mais pas les humains pour qui les baies sont toxiques) : 40% sont mangées par les merles. Les graines, non digérées, se retrouvent dans les fientes et le cycle recommence.

Non, contrairement à certaines croyances, le lierre n’est pas le bourreau des arbres ; si l’arbre est en bonne santé, le lierre s’arrête sous le houppier et n’empêche pas la photosynthèse de l’arbre. C’est un régulateur thermique contre la sécheresse et le froid.
Plusieurs sites internet continuent de décrier le lierre. L’ONF met en œuvre des actions de sensibilisation contre l’arrachage du lierre en forêt. En abritant une faune riche il est un des éléments essentiels de la biodiversité forestière. « En janvier 2025, des centaines de lierres ont été coupés dans une réserve naturelle près de Strasbourg. Ll’auteur des faits recherché encourt « une peine de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende »."